a. Le coupeur de cheveux en quatre
RAY O'MIYEU et COOPER DUTIF
Ray O'Miyeu et Cooper Dutif poursuivent leur rêve commencé
sur le site officiel des Sims.
Ray O’Miyeu, le descendant d’Irlandais à la chevelure de feu et au visage constellé de taches de rousseur et Cooper Dutif, le Montsimpais aux traits délicats, devaient se pincer pour y croire. Ëtre partis de rien, enfin 20 000 $, une aumône, et se retrouver à la tête d’une boutique à Riverside, leur rêve, c’était tout bonnement incroyable.
-Ce que je suis impatient de voir l’endroit, Ray, t’es sûr que c’était une bonne affaire ? Il faudrait pas que ça foire et qu’on se retrouve sur la paille, s’inquiétait Cooper pendant que Ray commandait des cafés au Cybercafé. Qu’avait-il eu encore besoin de les traîner jusque là au lieu de se rendre directement au mini-marché dont ils venaient d’acheter les murs.
-Ah, je te reconnais bien là, Cooper, toi et tes appréhensions. Pourquoi tu voudrais que ça foire, d’abord ? Dois-je te rappeler que quand j’ai commencé à vendre des bouquets de pâquerettes à Simcity, tu jouaisdéjà les Cassandre. Et qui c’est qui était bien content de se retrouver propriétaire d’une boutique de fleuriste de niveau 6 valant au bas mot 30 000 $ ?
-Je dis pas, mais entre une entreprise à domicile et un commerce en centre-ville, y a de la marge. On était connus dans notre quartier, tu crois vraiment que les clients vont nous suivre jusqu’ici ? C’est pas la porte d’à côté, ils doivent prendre leur voiture et puis les bouquets, c’est pas la coiffure, si t’en rates un, il viendra pas se plaindre, tandis qu’un client…
Ray en avait assez entendu. S’il n’y avait eu que Cooper, il y a belle lurette qu’il aurait jeté l’éponge, comme fossoyeur de rêves, il se posait un peu là. Toujours pessimiste, toujours à imaginer des catastrophes.
-Arrête, tu vas nous porter la poisse ! ordonna-t-il.
Cooper piqua du nez. Il avait tout de même mis dans l’affaire plus de 9 500 $, toute la prime qu’il avait ramassée en défendant bec et ongles un projet de rénovation de parc dans un quartier pourri qu’il convient d’appeler « défavorisé » pour ménager les susceptibilités, il était en droit de s’inquiéter de ce qu’ils allaient devenir quand même !
-Bon ! On lève le siège ? demanda Ray qui avait fini de siroter son café. J’achète quelques revues, et je t’emmène voir le palace.
-Laisse, c’est pour moi, toi tu as déjà payé le café, dit Cooper en cherchant fébrilement de la monnaie dans sa poche. Il ne faisait pas confiance à Ray pour le choix des magazines. Il aurait bien été fichu de prendre une revue financière et c’était pas l’idéal pour attirer la ménagère, -de 50 ans ou même plus jeune-. Cooper se piquait de bien connaître la mentalité des townies, qui constituaient la majorité de son électorat : Tous des nazes, ce qu’il leur faut c’est de la BD et du ragot, pas des trucs à se prendre la tête !
-C’est CA ton palace ! s’exclama Cooper en découvrant, le mini-mini-marché. Mais c’est minuscule ! Qu’est ce que tu veux faire là-dedans ? Ray, ouvre les yeux, bon sang ! Il n’y a même pas de place pour un siège de coiffeur et une caisse enregistreuse, il va falloir faire un choix. J’aurais dû m’en douter c’est la seconde fois que je te laisse négocier avec l’agence immobilière, la seconde fois qu’on te refile n’importe quoi. La première fois, on s’est retrouvés avec le champ de Mars pour un simple bungalow et maintenant, on hérite d’une maison de poupée, je parie qu’il n’y a même pas de WC. Nan, c’est trop petit, où ils les auraient mis ?
Cooper avait bien vu. Un meuble pour poser la caisse enregistreuse et trois présentoirs, c’est tout ce que pouvait contenir la boutique. Avec ça, deux petites fenêtres distribuaient une lumière chiche, on se serait cru dans une cellule de prison. Et encore, non ! En prison, il y avait la télé, tandis que là… même pas !
-Je savais que tu allais encore trouver à critiquer. Je le savais ! Si j’avais dû t’écouter j’aurais passé le reste de ma vie à composer des bouquets de pâquerettes, se défendit Ray qui avait retardé au maximum le moment de la découverte. Est-ce que tu as eu à te plaindre de notre grand terrain ? Non ! Est-ce que j’ai coulé l’entreprise, comme tu l’avais prédit ? Non ! Alors, s’il te plaît, laisse-moi faire. J’ai encore des réserves, je vais la retaper la boutique, tu vas pouvoir le caser ton siège de coiffeur, et j’ai encore d’autres projets.
-Comme quoi ? s’inquiéta Cooper qui se méfiait des initiatives de son associé.
-Comme d’embaucher Marie, notre ex-employée, tu te souviens qu’elle avait un talent en cosmétique ?
Cooper admit que c’était une bonne idée et Marie très heureuse de retrouver ses patrons, accepta même d’être moins payée qu’à la boutique de fleuriste quand Ray lui annonça qu’elle serait nommée responsable à court terme.
Ray ne manquait ni de goût ni d’idées pour aménager ce genre de boutique. Il aurait eu à décorer un garage ou un bureau, son penchant pour le rose et les fleurettes aurait peut-être… mais bon, une boutique de coiffeur, c’est pas un garage. Et donc, il procéda à un agrandissement des locaux, histoire d’y caser des toilettes et une douche, bienvenue après une dure journée de travail. Et il put commencer à donner forme à son salon en garnissant les étagères et en installant un seul et unique siège de coiffure.
On n’ira pas jusqu’à dire que c’était spacieux, mais il y avait tout de même la place pour se retourner. Ray choisit lui-même la tenue de travail, et il attendit les clients de pied ferme, ayant disposé des petits paquets surprise qui ne coûtaient pas très cher à l’achat, mais qu’il avait décidé de revendre cher. Les clients avaient tenu parole et s’étaient précipités à l’inauguration du salon. Ils étaient intrigués. Que pouvaient bien contenir ces boites si joliment présentées ?
-Vous verrez, c’est une surprise, mais vous ne serez pas déçus, leur assurait Ray.
Et la curiosité étant le propre du townie, c’était auquel repartirait avec son petit paquet à 278 $.
Il avait également fait le plein de flacons de bains moussant et de boites de maquillage chez Around The Sims, le fournisseur bien connu des fouineurs, et ceux qui préféraient savoir ce qu’ils achetaient n’étaient pas lésés. Il avait confié à Marie la tache de relooker les gens, mais, -ce que les clients peuvent être couannes-, il ne s’était pas présenté un seul volontaire pour tester le siège de coiffure. Finalement, Marie s’était retrouvée chargée du réassortiment des produits qui s’arrachaient comme des petits pains.
La plus grosse épreuve de la journée, fut, encore et toujours, le moment de passer à la caisse.
-Ca s’est pas arrangé, votre affaire, vous êtes toujours aussi lambin, vous croyez qu’on a que ça à faire ? rouspétaient les clients. Si ça continue, on va repartir sans payer
Ray savait bien qu’ils n’en feraient rien. Il préférait le prendre à la rigolade.
-Pourquoi ? Vous n’êtes pas bien ici ? Vous n’avez qu’à écouter la musique diffusée par le haut-parleur, il paraît que ça adoucit les mœurs. Faut savoir prendre son temps.
Mais avant la fin de la journée, après bien des hésitations, il avait tout de même fini par reconnaître la clé du tiroir-caisse et pouvait anticiper son ouverture sans se le prendre dans l’estomac, ayant gagné un talent de caissier.
Et Cooper pendant ce temps là ? Hé-bien Cooper avait apporté sa petite contribution en installant un jacuzzi dans le jardin et il y tenait compagnie aux clients tout en surveillant qu’ils acquittent bien leur droit d’entrée au ticketronic. Ce ticketronic avait fait merveille à leur entreprise à domicile et il continuait à rendre bien des services.
A la fin de cette première journée, les deux associés n’étaient pas mécontents de leurs affaires. Ray se prenait à espérer être désigné comme l’entreprise de l’année, mais il était bien conscient qu’il y avait encore à faire. Il remercia chaleureusement Marie
-Vous nous avez donné un sacré coup de main, à nous deux… nous trois, se reprit-il en lançant un regard à Cooper qui, dieu merci était en grande conversation avec une cliente et n’avait sans doute pas entendu, nous formons vraiment une bonne équipe.